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Boul Mich'68
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23 juin 2007

Fête de la musique au Boulmich 21 Juin 2007

Allo Pascal ? comment vas-tu ! dis donc on fait quelque chose ce soir pour la fête de la musique ? ….ah tu es à Nantes pour un concert….bon, bon,…  salle comble ? oki génial !  tu peaufines l’accordage de ta guitare ? …oki, alors bon spectacle, bises et rebises, à plus… Allo Philippe ? vous faîtes quoi ce soir avec Coco ? hein ? tu as failli claquer à ta cure ? une pneumonie, presque qu’une embolie ?...  mince alors et ça va mieux ?....  tu te remets doucement…  bon, bon,…oui…oui… bien sûr…  ben alors soignes-toi bien et bises et rebises vieux !

Oki les gars j’irai tout seul, ce n'est même pas la peine de demander à Carotte c’est la veste assurée, oui je dis la veste, bon,  direction quartier latin, sortie métro Mabillon, je passe devant la Rhumerie, toujours autant de lapins qui se trémoussent au son d’un orchestre Martiniquais, dehors un peu plus loin un groupe de jeunes, mon Dieu oui ils sont vraiment jeunes, comment peut-on avoir une telle vélocité et un tel métier à cet âge ? ils jouent du bon vrai rock seventies, le batteur tu lui appuierais sur le nez il sortirait du lait. Je reste un moment le temps de me déchirer les tympans au son d’une Fender exacerbée, puis j’enchaine sur une rue transversale, un attroupement s’est formé autour d’un groupe plus âgé et plus calme mais toujours très swinguant, ils sont bien avec leurs chapeaux texans et leurs lunettes noires alors que la nuit est presque tombée.

Coup de chance cette année, nous avons une soirée convenable avec ciel bleu sombre et douceur dans ce printemps-été qui n’en finit pas d’être pourri de pluie.

Rue de Buci c’est le jazz classique, super, les bars à vin rassemblent les quadra et plus, les jeunes eux se contentent de téter leurs biberons-cannettes de bière en déambulant, il y a en a qui ont déjà bien fêté ça, je ne sais pas si ils vont voir la fin de la soirée.

Je me fraye un passage à travers une foule de plus en plus dense qui danse au son des saxos et trompettes, ce sont les orchestres qui mettent le plus d’ambiance, « tarataraaaa..tarataaaa …Ollé ! clame la foule survoltée » des casquettes volent en l’air, même des casques qui brillent dans les néons rouges et verts , un peu plus loin ça n’empêche pas une fille aux beaux yeux bleu de pleurer toute seule au bout d’un banc son portable vissé à l’oreille, clair obscur de son âme…

Je continue mon périple le long du bd St-Germain où des B 52 aux Marshall en feu sont entrain de ravager les vieux immeubles Hausmaniens, déclenchant les alarmes des magasins à qui mieux-mieux, un brouhaha infernal règne, une bande d’Hells Angels en Harley déboule entre les passants qui ont envahi la chaussée, un blackbird commence un burn out avec sa Buell déclenchant une épaisse fumée blanche qui se mélange avec celle des merguez, on se croirait dans mad-max, ambiance de fin de monde, freaks de tous poils aux regards hallucinés, j’arrive au croisement des bd. St-Germain et St-Michel, des flics partout en chemise à manche courte et gants de cuirs, le casque ballotant à la ceinture, pimpon-pimpon hurle une camionnette qui descend le boulmich gyrophare bleuté illuminant les vestiges romains de Cluny-La Sorbonne, sur son flan est inscrit déminage…ah bon ? manquait plus que ça…

Tiens le Mac-Do est pris d’assaut par les amateurs d’hamburgers dégueus, moi je n'y vais que pour pisser, d’ailleurs au 1° étage la queue est toujours aussi imposante coté filles, je passe direct de mon coté en les snobant, personne à l’intérieur, j’officie tranquille, mince une nana rentre se laver les mains, elle ressort mais du coup les autres déboulent croyant que c’est aussi pour elles et me voilà avec des minettes piaillant et rigolant, j’ai juste le temps de me remettre, des types rentrent « Ah les gars, venez voir il y a plein de meufs ici ! Youhouu ! un autre rajoute « gaffe ! ce ne sont peut être pas des vraies de vraies ! ça pouffe, ça crie, ça rie ! je me tire vite fait ça vire Fellini, très peu pour moi !

Dehors les gens continuent à sortir du métro, bondé de chez blindé, grappes humaines accrochées aux grilles pour mieux voir un groupe de punks chaotiques, et des avatars de Vishnou sourires béats au milieu du tintamarre avec leurs tambourins, je me cale dans une porte cochère pour observer tout ce melting-pot, des ballons muticolores volent, les classes de lycéens se retrouvent, une fille hurle dans son portable « T’es où mon amour ?....je t’aiiiiiiiiiiime ! » ses copines la suivent une bouteille de rosé de Provence à la main, je repars un peu plus loin ce sont les djembés et autres tams-tams qui mettent en transe une foule bigarrée, à deux pas de là j’entends Grace Slick qui chante, incroyable ! c’est une gamine de quinze ans haute comme trois pommes à genoux qui déménage une foule fascinée, quelle fougue ! houhou les abrutis de star-ac c’est ici qu’il faut venir trouver les talents, assoiffé je finis par m’asseoir à une terrasse de café à Odéon, une bonne 1664 pour me remettre.

Ambiance festive au possible, lampions, guirlandes lumineuses, néons fluos, bougies sur chaque petite table qui projettent des lumières vacillantes et chatoyantes, au moment où je lève le coude pour boire….   ça alors…  c’est Aline qui est assise à deux tables de moi… j’en suis certain, fine, mince, longs cheveux châtain clair, yeux verts marron, d’ailleurs elle n’est pas seule, en face d’elle sa fille, son jeune sosie que j’avais croisé l’année dernière et puis sûrement son fils à coté, ce n'est pas croyable le hasard, elle est juste face à moi, clin d’œil du destin ? je repose mon verre et soudain nos regards se  croisent et se figent….  le temps s’arrête alors une éternité, la musique, la lumière, les gens, les rires alentours ne font plus partie de ce monde, comme mis en sourdine, me reconnait t’elle ? je reste cloué sur ma chaise, incapable d’exprimer un sourire ni une émotion, hypnose mutuelle anésthésiante, mutisme total, tout est dit, ses enfants lui parlent elle n’entend rien, ne les écoute pas, un groupe de fêtards s’interpose quelques instants aprés en entrant dans le café rompant l’envoutement, la vie reprend son cours, je la sens me dévisager à la dérobée, oui je porte toujours la moustache, puis un bon moment après ils se lèvent et passent devant moi sans un regard…  Je la vois se fondre dans la foule, ombre fantomatique irréelle d’un soir d’été ne percevant plus qu’une faible lumière mordorée accrochée à ses cheveux, songe déliquescent d'une soirée sans lendemain, la fête est finie pour moi...

23 h, il est temps de rentrer, le métro est saturé de monde car demain les gens travaillent, je me retrouve collé contre la vitre de la porte du wagon, son reflet ne me renvoie que l’image d’un vieux briscard…

bca1

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Commentaires
R
Aline ? bah, comme on dit, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées ne serait que pure coincidence, bien que tout le monde sache que c'est ma petite fille for ever...!<br /> Merci pour ton gentil com, ma chère Melancholia...
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M
Carotte te met une veste ? Bouh, méchant !<br /> Mais c'est sûr que le temps passe, certaines choses cessent, d'autres commencent, c'est comme ça. <br /> Et je garderai bien sûr dans ma melancholia ce temps où Carotte et toi partageaient tant de choses. On aime tant courir après notre passé, hein ?<br /> <br /> Sinon, je suis fière d'être ta Carotte car tu as un vrai talent d'écrivain, j'adore ta chronique. Et je m'interroge sur Aline...
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R
Merci Ghis ! bah, ce blog musical n'est que l'occasion d'exprimer des métaphores plus ou moins romancées sur le temps qui passe... :-)
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G
Félicitation pour tes chroniques que j'ai toujours plaisir à lire ...<br /> et pour te reprendre :biz et rebises vieux briscard<br /> @ +++
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Boul Mich'68
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